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Move-On Magazine

LOIN DES YEUX de Boulevard des Airs - Sylvain Duthu se confie à Move-On Magazine


Le confinement de mars dernier a signé pour Boulevard des Airs une annulation de la tournée des Zéniths et des festivals. Des projets plein la tête, c’est lors de cette période morose qu’est née l’idée d’écrire un nouvel album. Ce qui n'était à la base qu’une simple "idée" est aujourd'hui devenu un achèvement. Ce 26 mars 2021 marquera la sortie de leur nouvel album « Loin des yeux », contenant 24 titres. Sylvain Duthu, un des chanteurs et auteurs du groupe se confie.


| Publié le Jeudi 4 Mars 2021 |

« J'ai envie de tout raconter, notre histoire, nos débuts, des anecdotes… »

Florent Dasque - Sylvain Duthu - Boulevard des Airs ©CédrickN
Florent Dasque - Sylvain Duthu - Boulevard des Airs ©CédrickN
Sylvain, les confinements ont rythmé l’écriture de cet album. Avec qui étais-tu et comment t'occupais-tu.
On va dire que le processus de création s’est fait vraiment en deux temps. Le premier, c’est le premier confinement. Le 7 mars dernier, on était au Zénith de Toulouse. Le lendemain, on apprend que se sera le dernier concert. Quelques jours après, on apprend qu’on est confinés. Comment je l’ai vécu ? On était un peu hébétés au début, un peu sans voix. On ne s’est pas de suite plongés dans l’écriture et la composition. On est restés chez nous, chacun était chez soi. Flo, Jean-No et Jerem étaient à Tarbes, ici. Moi, j’étais chez ma compagne à côté de Toulouse. On est restés quelques jours comme ça, sans rien faire. Ensuite, on a décidé de prendre la parole. Je pense que pour rester connecté avec les gens, il ne faut pas garder le silence. Et donc on a prévu presque tous les soirs quelques séances live avec les auditeurs. Un soir sur deux, avec Flo, on prenait la parole.

De quoi parliez-vous pendant ces lives.
On parlait un peu de tout. On s’est rendu compte qu’il y avait des gens qui ne connaissaient pas forcément l’histoire du groupe, donc on racontait, on se livrait et puis on faisait de la musique. Ensuite, on a commencé à inviter quelques artistes. Je pense à Claudio Capéo par exemple. On s’est mis à faire des reprises. Ça nous a tellement plu qu’on s’est dit « on va faire ça sérieusement ». On va enregistrer. On va revisiter nos morceaux et on va appeler nos potes pour les interpréter. C’est comme ça qu’est venue l’idée de demander à Jérémy Frérot s’il ne voulait pas chanter « Je me dis que moi aussi » avec nous; à Lola Dubini si elle ne voulait pas chanter « Tu seras la dernière » avec nous. Et ils ont dit oui ! On s’est dit « bon là pendant deux mois on est confinés, on va pousser cette idée jusqu’au bout et on verra bien ce que ça donne ».
 

Dans votre album, vous racontez beaucoup d'histoires qui ont l'air très spontanées. Comment les avez-vous écrites. Étaient-elles spontanées ou réfléchies.
On a terminé cette idée de duos à la fin du confinement. On en avait un peu plus d'une douzaine. Et puis est arrivé l'été. Il n'y avait toujours pas de concert. On était toujours à la maison. À ce moment-là, les gars sont très productifs. Ils m'envoient plein de musiques pendant que je rentre chez moi à Tarbes. Les musiques qu'ils me font écouter me renvoient directement, spontanément, à notre histoire. J'ai envie de tout raconter, notre histoire, nos débuts, des anecdotes. J'ai envie de raconter ce qu'est la scène pour nous, ce qu'est la tournée pour nous. Il n'y avait rien de réfléchi. Ils envoyaient des musiques et moi, j'écrivais. Tout ça s'est déroulé entre juillet et août, surtout en août. Tout est inédit. Toutes les histoires qui sont racontées dans notre nouvel album sont différentes de celles qu'on raconte sur scène. Ce sont même des histoires qu'on n'a jamais racontées à personne. Quand je suis chez moi, j'ai toutes mes archives, tous mes vieux disques durs, toutes mes vieilles chemises qui traînent. Et on se retrouve avec douze titres de plus, complètements différents des duos, des titres qui sont écrits sous forme de carnets de bord avec une même essence. Il y avait un mélange d'introspection et d'urgence dans cette deuxième partie.
 

« C'est devenu des potes… »

Florent Dasque - Sylvain Duthu - Boulevard des Airs ©CédrickN
Florent Dasque - Sylvain Duthu - Boulevard des Airs ©CédrickN
Cette période, qui incite à l'éloignement social, vous a-t-elle donné encore plus envie de partager vos histoires et de partager avec des artistes.
Exactement ! Le confinement et la pandémie en général ont donné le ton de cet album, à savoir un album plus intime dans le sens collectif du terme. Ce n'est plus un « je » mais un « nous ». Je raconte vraiment ces histoires à la première personne du pluriel. C'est entrer dans l'intimité du groupe, plus que dans l'intimité d'un auteur. Et ce qui rejoint ta remarque, ce sont les invités qu'on a. On n'a fait appel qu'à des gens qu'on connaissait bien voire très bien. On n'a pas appelé une maison de disques pour dire « on aimerait bien contacter Machin pour faire un feat ». Non. Là, on a appelé nos proches. Je crois qu’il y avait un côté rassurant. Il y a eu le côté introspection et le côté « on se ressert autour de notre petite famille de la musique ».  Tout ça donne le ton de ce nouvel album qui n'aurait jamais vu le jour sans tout ça.

Comment caractérises-tu les liens qui vous unissent avec les invités de cet album.
On croise surtout des gens du métier. Et puis ils deviennent un peu plus parce que « atome crochu ». Là, je pense vraiment à Vianney, à Tryo, à Gauvin, à Jérémy, à Lunis, à tous ces gens. Des histoires un peu particulières pour Lunis et Doya. Lunis, c’est notre manager qui les a repérés sur un tremplin. Il nous a dit « vous devriez écouter, c'est vraiment pas mal » et depuis ce jour, on travaille avec eux. La semaine dernière, on a tourné un clip sur « Bruxelles », qui est dans l’album. C'est devenu des potes ! Doya, c'est aussi une histoire particulière. C’est un groupe de deux soeur. Il y en a une des deux, Mélissa, qui a tourné avec nous pendant trois ans sur scène avec l'album « Bruxelles ». Et pour parler des plus anciens, ce sont des gens qu'on connaît parce qu'on a écrit pour eux et on a tissé des supers liens. Je pense à Y. Noah et P. Bruel. Il y a tout le temps une histoire humaine derrière tout ça. Pareil pour Lola d’ailleurs. Elle était venue nous voir y a quelques temps et on a vraiment sympathisé. À aucun moment on est passés par 10 000 intermédiaires pour proposer cette idée. On les a appelés directement. La plupart du temps, ils ont dit oui directement. Ça s'est fait naturellement.
 

« Je suis sûr qu'on peut trouver deux ou trois solutions pour les salles de spectacle… »

Florent Dasque - Sylvain Duthu - Boulevard des Airs ©CédrickN
Florent Dasque - Sylvain Duthu - Boulevard des Airs ©CédrickN
Qu’est-ce qu’évoque votre titre d’album « Loin des yeux ».
Le titre évoque surtout le contexte. On ne pensait pas que ça durerait aussi longtemps.  « Loin des yeux », c'est "pendant 1 an, on ne va pas se voir"; "pendant 1 an, il n'y aura pas de concert"; "pendant 1 ans, il n'y aura pas de spectacle vivant"... On est loin des yeux, mais on écrit quand même un album sous forme d'un cadeau pour les gens qui nous aiment, qui nous suivent. Loin des yeux, près du coeur, c’est ça qu'on avait envie de dire. Il y a quelques morceaux qui seront une forme de remerciement pour notre public. Je pense à « Au début de vos lettres »,  « Que tout ça recommence ».

Dans votre morceau « Au début de vos lettres », vous lisez les lettres poignantes que vous avez reçues. Est-ce pour vous une façon originale de rendre hommage et de remercier toutes les personnes qui vous suivent.
Oui ! C’est compliqué de répondre aux gens qui vous écrivent, de leur dire merci… On essaye d'être disponible un maximum à la fin des concerts, même si c'est compliqué et qu'il y a beaucoup de monde. On essaye d'être là. Je trouvais que c'était une bonne manière de leur dire merci. Je trouve que reprendre leurs mots tels quels, c'est leur dire à quel point ces mots nous touchent. Il y a des lettres qui sont écrites par des enfants de 10 ans, par des personnes de 80 ans, par des gens qui vont se marier : à chaque fois, c'est fou de lire ça, donc il y a une sorte de remerciement, un peu pudique.

Dans votre morceau « Que tout ça recommence », vous dites que vous avez cherché et trouvé beaucoup de vidéos de vous dans vos archives, mais qu'elles ne sont pas exploitables car, je cite « on dit tellement de conneries à la seconde ». Le groupe BDA qui déconne, ça donne quoi.
On est des enfants ! On est mort de rire pour rien, on dit de la merde comme tous les groupes d'amis, enfin comme beaucoup en tout cas. Depuis le début, on essaye de se filmer, car on se dit « bon, peut être qu’un jour ça servira ». Seulement quand on regarde tous les rushs et toutes les vidéos, on n'est jamais sérieux. Dès que ça tourne, que ce soit par bêtise par pudeur ou par humour, j'en sais rien, mais on fait les cons. Alors qu’en vrai on est sérieux. Quand il faut travailler on est sérieux, mais quand la vidéo tourne c'est inexploitable. Le tout dernier extrait de l'album, c'est moi je crois, je filme dans les loges, et puis c'est parti, ça devient n'importe quoi et on finit sur un fou rire.
 

Florent Dasque - Sylvain Duthu - Boulevard des Airs ©CédrickN
Florent Dasque - Sylvain Duthu - Boulevard des Airs ©CédrickN
Est ce qu'il y a un titre en particulier que tu as préféré écrire dans l'album.
Avant de répondre, je sais que cette histoire de carte blanche m'a fait énormément de bien et nous a fait énormément de bien ! On ne s'est pas trop posé de questions. On a dit "on fait ça, et ça vient comme ça vient". C'est pour ça qu’on se situe entre des chansons, des slams, du parlé, des chansons uniques et des feats. Le tout était très exaltant. Ensuite, j'ai eu beaucoup d’émotions quand j’écoutais les musiques que m'envoyaient Jean-No et Jerem. Elles me touchaient. Quand j'ai écrit "Le déserteur", j'ai été très ému. Je me rappelais de cet après-midi là, au centre pénitentiaire du Havre. Cette histoire, qui est folle et incroyable, me touche énormément. Mais je crois que ma préférée, c'est "Son histoire". Je suis tombé sur le brouillon de la chanson « Bla bla". Je vois des dizaines et des dizaines de textes qui n’ont jamais été utilisé. Notamment un, qui s'appelle "Son histoire ». Je me suis finalement rendu compte que le refrain est devenu « Bla bla". Je relis le texte, et je me dis « autant des fois on jette à la poubelle et on a raison » autant là je me suis dit « il y a peut-être quelque chose à faire » . Et j'ai repris le texte tel quel, tel que le texte avait été écrit 10 ans plus tôt. J'ai beaucoup aimé écrire ce morceau.

Y a-t-il beaucoup de textes que tu écris et qui "passe à la poubelle".
Évidemment, il y a énormément de déchets. Je pense qu'on garde une chanson sur quatre, et je suis gentil. Dans le processus de création et surtout en groupe il y a beaucoup de déchets parce qu’il y a la loi de la majorité. Si ça ne plaît pas à tout le monde, on ne va pas l'imposer. Donc on trie tout pour pousser le morceau jusqu'au bout et pour que ça plaise à tout le monde. Très souvent, on y parvient. On fait des changements et on trouve des compromis. Mais il y a pleins de fois où on ne se penche même pas sur le sujet parce que les textes ne parlent pas à tout le monde. On met de côté. « À la poubelle », c'est un grand mot. Avant oui, avant on jetait. On mettait beaucoup moins de choses sur ordinateur, sur disque dur parce qu'on se fait vieux quand même ! À l’époque, il y a dix ans, on gardait moins de trucs. Aujourd'hui, on met de côté. On ne sait jamais. Si c'est une bonne idée, on peut toujours rebosser dessus plus tard. En plus, aujourd’hui, on écrit pour d'autres personnes, donc on peut s'y repencher et faire un truc superbe pour quelqu'un d'autre.  Il y a plein d'issues qui sont possible pour des brouillons.
 

Florent Dasque - Sylvain Duthu - Boulevard des Airs ©CédrickN
Florent Dasque - Sylvain Duthu - Boulevard des Airs ©CédrickN
Pensez-vous prévoir des alternatives aux concerts pour produire votre nouvel album.
Honnêtement, pas trop. C'est marrant une fois ou deux de faire un live stream, de faire un concert en drive-in devant des voitures mais comme je vous le dis, c'est marrant une fois ou deux, après on voit pas bien l’intérêt. Nous, ce qui nous fait vibrer, c'est la scène, les gens qui sont devant, les fosses qui chantent et qui dansent. C'est ça la beauté du truc. Si elle n'est pas là, je ne vois pas l'intérêt du tout. Donc on croise les doigts !

Si le temps d'une journée ou d'un moment, tu pouvais être quelqu'un ou quelque chose, ce serait qui, ou quoi.
Roseline Bachelot ! Je suis sûr qu'on peut trouver deux ou trois solutions pour les salles de spectacle. Je n'ai pas envie de faire des discussions de comptoir, mais je suis sûr que prendre toutes les mesures possibles, nécessaires et imaginables dans une salle de spectacle, ce n’est pas pire qu'un avion archi bondé ou autre. Je mettrais autour de moi pleins de personnes, et on réfléchirait à des solutions pour que les salles de spectacles ré-ouvrent très bientôt parce que c'est long quoi !


 

Pochette album - Boulevard des Airs ©
Pochette album - Boulevard des Airs ©
« Voici notre nouvel album. L'idée est née durant le confinement, alors que la tournée s'annulait. Il s'appelle "Loin des yeux" et il contient 24 titres.
On y mélange la joie de revisiter nos titres avec des gens qu'on aime beaucoup. Et celle de vous plonger, à travers douze inédits, dans l'intimité du groupe.
Les très beaux invités de l’album : LEJ, Jérémy Frérot, Lola Dubini, Vianney, Claudio Capéo, Gauvain Sers, Tibz, Yannick Noah, Doya, Lunis, Patrick Bruel, Tryo. »
 
Tracklist
1° Et nous vraiment
2° Emmène-moi (feat. L.E.J)
3° Dis moi comment tu danses
4° Je me dis que toi aussi (feat. Jérémy Frerot)
5° Cent histoires
6° Tu seras la dernière (feat. Lola Dubini)
7° Abécédaire
8° Allez reste (feat. Vianney)
9° Comment ça tue (feat. Claudio Capéo)
10° Le déserteur
11° Mamie (feat. Gauvain Sers)
12° A nos belles années
13° A côté de toi (feat. Tibz)
14° Mélange
15° Viens (feat. Yannick Noah)
16° Mais depuis quand
17° Cielo Ciego (feat. Doya)
18° Au début de vos lettres
19° Tous les deux (feat. Patrick Bruel)
20° Va-t-en
21° Ici (feat. Tryo)
22° Sacré Michel !
23° Bruxelles (feat. Lunis)
24° Que tout ça recommence

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