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Move-On Magazine

Vous avez dit « Thinking Design » ?


Retour sur le "CreativeMornings" via une interview de Guillaume et Vincent, les intervenants lors de cet événement.


| Publié le 12/03/2018 |

Guillaume, Vincent et Bruno de l'agence @K.I.D.S
Guillaume, Vincent et Bruno de l'agence @K.I.D.S
Entretien avec Guillaume et Vincent, fondateurs de l’agence K.I.D.S qu’ils partagent avec Bruno.

Vous êtes passés récemment aux « CreativeMornings  » d’Annecy. Quel était le thème de votre intervention ?
C’était une première pour nous. Nous avons découvert ce réseau à cette occasion. Le thème à traiter était la curiosité, ce qui nous a parlé pour des motifs personnels et professionnels puisqu’il y a des liens entre la curiosité, la créativité et l’innovation.

Votre intervention aux Creative Mornings vous a poussé à réfléchir à votre démarche professionnelle ?
Oui, nous nous sommes demandé quelle place elle occupe dans les différentes étapes du processus de design thinking.
 

Donc la curiosité n’est pas un vilain défaut ?
Pour nous non, c’est presque la plus grande des qualités. Vous évoquez un dicton qui est très conservateur. Pour nous la curiosité est le moteur de l’apprentissage, cet élan qui pousse à apprendre, alors que l’adage pousse à l’immobilisme, à camper sur de vieilles positions.

C’est une manipulation des adultes à l’égard des enfants.
Nous gardons peut-être un comportement d’enfants.

La démarche du design thinking n’est pas linéaire et un enfant qui joue est plusieurs personnages à la fois, dans plusieurs temporalités. Vous retrouvez ce foisonnement riche de possibilités.
Exactement. C’est justement la conclusion de notre présentation aux CreativeMornings. Même s’il n’y a pas de lien direct avec le nom de notre société, »Kids », nous nous sommes aperçus que la clé de notre démarche consiste à garder une âme d’enfants, un œil innocent.

Ce message n’est pas nouveau, mais on le disait des artistes, que l’on considère comme des exceptions, presque des marginaux. Vous, vous réintroduisez la curiosité, l’âme d’enfant dans tous les processus de créativité, même dans l’entreprise…qui est un monde « sérieux ».
Effectivement, et nous en faisons notre métier. On entend beaucoup ce discours mais c’est autre chose de l’appliquer.
Vous ne croyez pas si bien dire en parlant de jeu ; nous utilisons des Lego, des Playmobil, de la pâte à modeler dans le cadre de projets très sérieux pour faire vivre des scénarios, des situations d’usage, pour apprendre plus efficacement. Il est très important de manipuler physiquement. L’un des composants clés du design thinking consiste à prendre des éléments tangibles pour mieux se projeter, provoquer des réactions, vivre des situations, des événements.

En entreprise, les gens acceptent généralement de jouer le jeu. Par le bouche à oreille ils savent que ça marche. Il arrive cependant que les choses soient compliquées dans certaines cultures d’entreprise où le jeu ne fait pas sérieux et est considéré comme une perte de temps.

Il faut noter que le premier élément déstabilisant dans un atelier de travail intervient quand on demande de fermer les ordinateurs. Les gens sont habitués à leurs outils informatiques, à leurs process et ont du mal à en sortir, même les étudiants, ceux des Gobelins, auprès desquels nous intervenons, ont du mal à prendre des notes par écrit, sans leur ordinateur.

Justement, vous décrivez une tendance générale. Comment vous êtes-vous orientés, vous, vers cette manière de procéder, et ensuite vers la transmission du design thinking ?
Vincent. Pour moi, la démarche a été plus facile que pour Guillaume parce que je suis designer. La démarche que nous appliquons est tout à fait celle que l’on peut avoir en design, dans le dessin, dans la créativité pas uniquement avec un ordinateur. Les choses peuvent se faire à la main, pour maquetter, par exemple...l’ordinateur vient plutôt en outil complémentaire pour passer en 3D.
- Guillaume. Oui, mais nous exerçons le métier de designer comme il devrait l’être parce qu’en entreprise un designer n’est souvent qu’un exécutant qui intervient à la fin du projet.

Votre manière de procéder crée aussi des liens avec les utilisateurs. La curiosité et la créativité incluent un échange avec eux. Tout le monde y gagne.
Avec le design thinking on est vraiment centré sur l’humain, ce qui nécessite de faire tomber les barrières au sein de l’entreprise, entre autres celle de la hiérarchie, et les barrières entre l’entreprise et l’extérieur. Les concepteurs ne doivent pas être dans une tour d’ivoire, ils font partie du monde et doivent s’appuyer sur la manière dont les gens vivent.

Nous avons travaillé par exemple il y a quelques années pour une société qui fabrique des robots multifonctions. Ces appareils étaient une révolution dans les années 50 mais n’avaient pratiquement pas évolué depuis alors qu’en 60 ans les usages ont totalement changé.

Nous sommes allés sur le terrain pour voir comment les gens préparent à manger, se répartissent les rôles, nous sommes revenus avec des photos, des videos, des verbatim que nous avons montrés aux responsables de la société qui nous avait confié le projet et qui n’en croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles tellement était grand le décalage entre leur vision des choses et les usages réels de leurs robots.

Vous êtes au carrefour de plusieurs disciplines, la psychologie, la sociologie, des aspects scientifiques…
C’est ce qui fait toute la richesse du design thinking. Il n’y a pas de méthode préétablie, il faut chaque fois mobiliser les bonnes personnes et les bonnes compétences, en partant de la curiosité et en créant de vraies relations entre les gens car il y a souvent au sein des sociétés des spécialistes très compétents qui ne se parlent pas assez. Il faut leur apprendre à créer des équipes pluridisciplinaires, c’est d’ailleurs la tendance, heureusement, mais ça reste compliqué dans les grandes entreprises.

Il y a une véritable attente sociétale à ce sujet. On a besoin de plus de transversalité.
C’est ce qui nous motive, Vincent, Bruno et moi-même, cette base d’ouverture, de curiosité et de créativité partagées alors que d’autres métiers reposent sur la transformation. Nous sommes d’ailleurs une petite équipe parce qu’il n’est pas évident de trouver des personnes qui ont l’attitude et les compétences souhaitées. Notre travail consiste aussi à comprendre comment nous fonctionnons personnellement. Il nous faut systématiquement réinventer des outils et nous réinventer, mais c’est pour cette raison que nous faisons ce métier.

Au départ, il nous faut reconnaître qu’on ne sait pas, établir des liens sans savoir encore où l’on va, nous délester de nos préjugés et revenir au regard et à la curiosité d’un enfant.
 

Vous faites pratiquement en continu des brain storming qui sont en général limités à une demi-journée et où on se lâche un peu avant de revenir aux choses « sérieuses ».
C’est ça. On ne fait d’ailleurs pas vraiment du brain storming, on revient sur les idées pour les creuser. Dans le cadre d’un projet, on se pose des questions jusqu’au dernier moment.

Nous avons travaillé sur certains projets il y a dix ans, qui reviennent dans un nouveau contexte et qu’on aborde de manière radicalement nouvelle. Avec les réseaux sociaux, on obtient les informations différemment aujourd’hui. En dix ans sont apparus les objets connectés, les usages ont changé, donc notre approche change aussi.

[ La conversation est tellement pétillante qu’il est difficile d’y mettre fin. Elle roule encore sur les relations entre la vie professionnelle et la vie personnelle, le choix d’Annecy pour y vivre et y implanter la société Kids, la nécessité vitale de garder dans son métier de la souplesse et de la liberté.]
 


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