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Rencontre avec Daphné Collignon qui dédicace « Calpurnia » chez BD Fugue Annecy


Une auteure aussi marquante que ses personnages. Move-On Magazine est allé à sa rencontre pour vous transmettre sa vision.


| Publié le Lundi 14 Mai 2018 |

Daphné Collignon, comment s’est fait le choix de travailler sur l’adaptation de Calpurnia ?
C’est au départ une proposition de « Rue de Sèvres » avec qui j’avais envie de collaborer. J’aime beaucoup Charlotte Moundlic qui y est éditrice, qui est devenue une amie depuis quinze ans que nous travaillons ensemble. Elle était chez Flammarion auparavant. Parmi les textes qu’elle m’a proposés, nous nous sommes mises d’accord sur celui-ci.

Comme elle vous connaît bien, elle devait savoir que Calpurnia pourrait vous intéresser. Pour quelles raisons ?
Quand elle était chez Flammarion, nous travaillions sur la jeunesse, ce que je ne fais pas habituellement en BD.  « La guerre de Catherine », qu'elle me destinait mais que je n'ai pas réalisée, avait été primée à Angoulême. Elle m’avait aussi proposé un roman sur les mères de la place de mai, en Argentine. Je l’ai jugé trop violent pour moi. Elle avait aussi un projet qui m’aurait vraiment plu,  « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » d’Harper Lee, mais il a été impossible d’en obtenir les droits.
C’est donc « Calpurnia » qui l’a emporté.

Vous parliez de littérature de jeunesse. Avec « Calpurnia », le récit initiatique touche aussi bien les adultes que les plus jeunes. C’est d’ailleurs ce qui en fait aussi l’intérêt.
Il paraît. Sans doute parce qu’il touche à quelque chose d’universel à travers les émotions de cette petite fille.

Oui, mais on pourrait dire que la question traitée est « Comment devenir soi ? ». Qu’on soit garçon ou fille. Dans la société de cette époque, avec en arrière plan la guerre vécue par le grand-père sudiste, les champs de coton, les ouvriers… Qu’on ne voit pas, le poids de la société…
On ne les voit pas parce que le roman est axé sur Calpurnia, même si elle se trouve dans cet univers très conservateur…

Univers dans lequel les deux qui se rencontrent vraiment sont à la marge, différents, le grand-père et la petite fille.
Ils sont tous les deux différents et cette différence les attire, mais c’est surtout dans la 2° partie que le côté féministe de Calpurnia va apparaître…
 
Même si c’est déjà en germe dans la 1° partie ?
Ce sera vraiment tout le débat de cette 2° partie parce qu’elle s’intéresse de plus en plus aux sciences, à tout ce qui l’environne et le grand-père va se demander s’il n’a pas commis une erreur en favorisant quelque chose qu’il avait décelé en Calpurnia.

Faut-il encourager la curiosité des gens et leur soif de liberté ?
C’est ce qui est intéressant dans ce livre. Il n’y a pas de solution simple, jusqu’à la dernière page ; on s’arrête sur de l’espoir.

C’est particulièrement significatif alors que notre époque nous propose toutes sortes de méthodes pour être heureux.
Calpurnia est sa propre méthode. Elle est pleine de ressources, intelligente et maligne mais elle se trouve face à des choses plus grandes qu’elle. Dans ce premier volume elle ne s’en rend pas encore vraiment compte parce qu’elle est une enfant et que le champ des possibles lui semble infini mais cela change dans la 2° partie.
Je dois dire que j’ai eu un grand père un peu comme celui de Calpurnia pour la découverte de la littérature, l’amour des livres. J’avais un lien privilégié avec lui, mais il y a eu une sorte d’incompréhension entre nous quand j’ai fait des choix qui ne lui ont pas semblé raisonnables financièrement. Même très cultivé, adorant Proust, Gide et Valéry, il n’était pas très réceptif à certains sujets.
 

Daphné Collignon qui dédicace « Calpurnia » chez BD Fugue Annecy ©Paul Rassat
Daphné Collignon qui dédicace « Calpurnia » chez BD Fugue Annecy ©Paul Rassat
Calpurnia dit « Je voulais vraiment voir le monde… », ce qui est un lien entre elle et vous. Peut-être les artistes sont-ils un peu marginaux non pas par essence, mais parce qu’ils sont curieux et donc différents.
Je ne m’en rends pas vraiment compte. J’ai un frère médecin qui porte un autre regard sur la réalité, qui est confronté à d’autres choses que moi, comme la souffrance… Chacun voit sa propre réalité, ce qui me renvoie à Calpurnia qui va aussi être confrontée à l’incompréhension de son grand-père.

Mais il y a cependant une vraie reconnaissance entre eux. Lorsqu’il appelle la petite fille par son prénom alors que tous utilisent un diminutif, il la reconnaît, il la nomme et la fait naître à elle-même.
Il lui explique le sens de son prénom et lui rend une beauté qu’elle ne lui trouvait pas. Et puis nommer, c’est reconnaître la réalité de quelque chose ou de quelqu’un. Il ne faut jamais dire le nom d’un démon !

Calpurnia est un personnage fort, comme Tamara de Lempicka. Vous avez aussi réalisé un album avec Anne Nivat qui semble être quelqu’un d’assez présent. Vous avez une attirance pour des profils très marqués.
Et il y aussi Clara Malraux, dans « Avant l’heure du tigre » que j’ai réalisé avec mon amie Virginie Greiner. Elle aussi est attirée par des personnages de femmes très fortes, qui sont parfois de vraies « salopes ». Certaines sont des meurtrières… Pour Calpurnia, ma fille [à côté de nous pendant l’entretien] m’a beaucoup aidé car elle a un fort caractère elle aussi !
La complexité d’un personnage est intéressante. Virginie voit Tamara comme une femme libre, moi je vois aussi ses faiblesses, ses addictions. Nous travaillons actuellement sur Jean Seberg, un personnage d’une grande liberté mais très fragile.

Vous abordez la féminité pour apporter quelque chose, sans entrer dans les oppositions ou les polémiques de notre époque. Vos œuvres font découvrir des personnages féminins avec leurs qualités, leurs points faibles.
Même si je ne me compare pas à Jane Campion, j’ai particulièrement apprécié son film « Un ange à ma table » qui retrace la vie d’une poétesse néo zélandaise schizophrène qui a eu un destin tragique. « Séraphine » aussi, le film sur cette peintre femme de ménage.

Daphné Collignon est aussi vraie que ses personnages.


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