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Move-On Magazine

« Le Bocal » joue, interprète et chante « Le Horla » de Maupassant.


Samedi 18 mai 2019. Bonlieu/Annecy


| Publié le Dimanche 12 Mai 2019 |

Le Horla, c’est une tempête sous un crâne ; alors si Le Bocal, collectif musical, y ajoute la force de sa créativité, la tempête risque de remuer fortement le public, émotionnellement et artistiquement.
Move On a rencontré la troupe en répétition ce dimanche 12 mai. Karim Maurice, directeur artistique et Laurent Desbiolles, musicien et acteur, ont bien voulu se prêter à l’exercice de l’interview et nous pouvons vous assurer que ce qu’ils disent du fonctionnement du collectif est vrai : décontraction concentrée, contributions de chacun à la production commune, humour…

Comment en êtes-vous arrivés à travailler à partir d’un texte, celui du Horla de Maupassant ?
 Karim_ Après notre dernier album, « Bist du Froh ? », qui avait pas mal marché, nous cherchions une nouvelle voie, un croisement de genres artistiques à partir d’un texte littéraire. Plusieurs idées ont émergé, dont Le Horla qui correspond bien aux composantes du Bocal.

Laurent_ Il y a quand même un précédent, l’adaptation d’un poème de William Blake, mais sous la forme d’une chanson.

Karim_ Laurent assurait déjà des parties récitatives dans cet album. Nous pensions qu’un support littéraire nous pemettrait d’exploiter à la fois ce volet récitatif, de développer celui du théâtre qui était présent en germe et de mettre en avant notre chanteur instrumentiste, Ernie Odoom.

Ce n’est pas une juxtaposition de compétences techniques mais un entrecroisement qui permet une véritable création enrichissant la démarche de chacun.
Laurent_ C’est le fonctionnement même du groupe qui est très horizontal, voire anarchique dans le sens où on ne sait pas au début comment ça va se faire. Karim lance l’idée, commence à composer, ainsi que d’autres…C’est une sorte de cuisine : nous avons des ingrédients et il faut cuisiner un plat. Même s’il est nécessaire d’avoir un directeur artistique la démarche est toujours ouverte.

Karim_ Nous partons d’une trame. Il a fallu travailler sur le texte de Maupassant, sélectionner ce qui est le plus porteur pour une mise en musique sans perdre le sens de l’histoire et puis j’en ai fait une trame avec des indications de tempo et des indications orchestrales, là un tempo enjoué, là une petite formation…pour construire et mettre en valeur ce qui vient du texte et repose sur une alternance de tensions et de détentes.

Laurent_ Scéniquement et musicalement le texte est parfait avec cette succession de tensions, de folie et de détente qui apportent une grande diversité.

Karim_ Ce qui nous permet d’utiliser beaucoup plus la flûte ou la clarinette que dans nos précédentes réalisations, des sonorités de bois qui s’éloignent du stéréotype du big band américain tout en gardant notre côté rock, Zappa…

Maupassant en rock !
Laurent_ Dans certains passages, oui. Avec du swing aussi. C’est très binaire et très orchestral, avec du Stravinsky.

Tout à l’heure le mot anarchie est apparu dans la conversation. C’est l’anarchie de l’aventure commune dans laquelle chacun est responsable et donne sa pleine mesure.
Karim_ Ça s’est fait tout seul. Avec vingt ans d’existence, le groupe est relativement stable et n’a pas de chef, même si je suis directeur artistique. Je ne suis pas un chef d’orchestre traditionnel. La réflexion est commune et certains apportent leurs compositions, d’autres leur connaissance du théâtre, du bricolage…puisque nous avons fabriqué tous les décors. Rien n’est imposé, on demande plutôt « Qui veut faire.. ? »

Laurent_ Léo Ferré disait «  Le désordre, c’est l’ordre moins le pouvoir ». On a l’impression que c’est du désordre, mais il produit un ordre artistique très solide, beaucoup plus qu’un orchestre traditionnel avec des partitions posées sur les pupitres, « Trois, quatre » et tout le monde joue la partition ; ce qui donne un semblant d’ordre avec du pouvoir. L’ordre véritable que nous avons fabriqué est basé, lui, sur l’autonomie.

C’est une vision très politique de la société.
Je n’ai rien dit ! (rires). On n’en a jamais parlé mais il y a une voie sur laquelle nous nous retrouvons tous.

Vous n’en parlez pas parce que vous la vivez, vous la mettez en pratique. Pour revenir au Horla, d’accord vous avez un penchant pour le fantastique mais on peut considérer que le texte de Maupassant penche davantage encore vers la maladie mentale. C’est une œuvre très riche d’interprétations possibles.
Karim_ Ma lecture va de ce côté. J’y vois quelque chose de tellement vrai que ça donne une impression de vécu. Il a dû aller chercher des choses en lui.

Laurent_ Mon jeu ne peut pas aller de ce côté parce qu’il est dicté par la musique. Une interprétation théâtrale de cette œuvre serait radicalement différente de ce que nous proposons là. La façon de dire et de jouer est comme pratiquement écrite sur la partition. Mais la liberté dans un cadre défini est très intéressante. Un peu comme en jazz où l’improvisation n’est pas totale.

A quels publics vous adressez-vous ?
Karim_ On n’y a pas vraiment réfléchi. Beaucoup de gens, sans doute, ne connaissent pas Le Horla.

Ou bien l’ont subi au collège  et pourront le découvrir autrement grâce à vous.
Certains découvriront Le Horla, d’autre Le Bocal, d’autre les deux à la fois !   
                                                                                                                                                                             Laurent_ Il faut dire que le texte ne fait pas appel aux réflexes reptiliens qu’on voit à l’œuvre dans Game Of Throne ; il est d’approche plus complexe.

Karim_ J’ai toujours abordé Le Horla comme l’étude clinique d’un type qui est en train de partir en vrille. A force de déclamer le texte pour vérifier que les émotions collaient bien avec ma propre interprétation et de dire « Il va falloir que je me tue »…

Vous vous êtes tué combien de fois ?
Beaucoup ! Une fin, ça se mérite.

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