« Nid de vipères » d’Andrea Camilleri (Fleuve Noir)


Un polar délicieusement indigeste


| Publié le Jeudi 5 Juillet 2018 | Move-On Magazine |

« Nid de vipères » d’Andrea Camilleri (Fleuve Noir)
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Impossible de ne pas penser à Marcello Mastroianni chaque fois que Camilleri met en scène le commissaire Montalbano. Tous deux incarnent la finesse, l’élégance italiennes et peuvent jouer la parfaite imbécillité.

    Camilleri cuisine ses romans comme Montalbano se nourrit, en alternant surprises, découvertes et valeurs sûres .
Si Livia, la compagne gênoise cache d’incroyables qualités qui compensent le don de provoquer des disputes, Montalbano fuit sa cuisine qui ne respecte même pas le plat de pâtes le plus basique. La cuisine traduirait ici une forme d’opposition-amour culturelle et sentimentale nord-sud.

   Adelina, son employée, à la fois mère et cordon bleu, le traite comme son fils unique, toujours un petit plat à découvrir au frigo ou au four, lien avec la terre ou la mer.

   Au restaurant, le commissaire part à l’aventure. Chez Enzo, c’est la cuisine du jour qui prime, hors d’œuvres, poissons, plats traditionnels suivant l’humeur et l’appétit qu’ils compensent ou équilibrent.

   Mais dans cette fantaisie, cette volonté de variété, Montalbano garde des principes « Pas de parmesan sur les pâtes aux palourdes ! »

   La promenade postprandiale sur la jetée voisine aide le ventre à digérer la nourriture et l’esprit à digérer les faits.

   « Nid de vipères » ?
Eh bien, un monstre est un assemblage, dans des proportions diverses, d’humanité et de monstruosité. Le héros de « Nid de vipères », lui, n’est qu’un bloc de monstruosité au point que cette particularité arrive étonnamment à susciter à son égard des attachements hors normes et les conséquences qui en découlent.

  Dans un nid, la proximité contagieuse fait voler les plumes des uns et des autres et couperait presque l’appétit de Montalbano.

  C’est dire !
 


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