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Interview presque imaginaire avec Philippe Geluck et le chat


La vérité sur la carrière de Philippe Geluck


| Publié le Lundi 25 Février 2019 |

Le Chat et Philippe Geluck, en toute discrétion
Le Chat et Philippe Geluck, en toute discrétion
Philippe, votre dernier album s’intitule Chacun son chat. Ça en fait beaucoup vu le nombre de vos lecteurs.
Oui et non. Vous aurez remarqué que j’ai plaisir à respecter la langue française. Je n’ai pas choisi d’écrire « A chacun son chat », tout comme l’Académie recommande d’écrire « chaque fois que… » plutôt que « A chaque fois que… »
    Et puis ce « Chacun son chat » est une réaction à la mode du « Bonjour à tous «  qui envahit les médias. Tous ne représente personne alors que chacun s’adresse à chacun. Suis-je clair ?

Parfaitement.

Comment construisez-vous un album dans la mesure où dessins et textes s’enchaînent sans narration suivie en donnant cependant une impression de cohérence ?
Le fil conducteur est le chat, bien sûr. Sa pensée, ses jeux de mots et de pensée. Je ne serais rien sans le chat et inversement.

Apparemment  (et de manière souterraine) cette cohérence repose aussi sur certains fils conducteurs tels que la connerie, les évidences, l’absurde, le renversement de point de vue (moins dangereux que celui de verres de vin). Si oui, et je l’espère sinon ma question tombe à plat, y a –t-il d’autres soubassements qui vous permettent d’organiser votre mise en page ?
Effectivement, mes albums fonctionnent  à la fois sur courant continu, le fil conducteur que nous venons d’évoquer, et sur courant alternatif, les pirouettes du chat, les jeux de mots, les renversements de point de vue que vous pointez avec tant de pertinence. Rappelez-moi votre nom…
   L’existence est un parcours qui fait de nous des funambules qui  inventons notre chemin à mesure que nous avançons. Je ne suis pas certain de l’étymologie mais j ‘ai plaisir à imaginer que le mot  fun vient de funambule, le tout venant du funis latin qui signifie corde. Avec une corde il est possible de se pendre ou de devenir funambule. 

 Vous creusez les évidences mais vos albums ne font même pas un centimètre d’épaisseur. Etes-vous sûr de creuser assez profond ?
Je suis prudent et je désire éviter des chutes de lecteurs dans les abîmes incontrôlés de la perplexité, de l’analyse et de l’absurde.

Vous avez choisi de faire parler un chat, ce qui est plus simple qu’un lion ou un éléphant qui seraient rentrés plus difficilement (à tous points de vue) dans vos cases (quoique…). Intéressant car le chat retombe toujours sur ses pattes, comme vous après trituration du sens et figures de style.
Je me rends compte que ce n’est pas une vraie question, mais ça m’arrangerait que vous y répondiez.

Le chat est un animal sauvage/domestique ou domestique /sauvage. Comme dirait Jean-Pierre Mocky, sa présence tant m’habite qu’elle me permet de m’évader.

L’un de vos dessins représente le cercueil de J-Pierre Coffe avec ce commentaire « Jean-Pierre Coffe s’est fait incinérer. 1 heure à four bien chaud. Quelle sera votre recette personnelle ?
Je n’y ai pas encore vraiment réfléchi mais je pense qu’une recette écrite en vers me conviendrait.

La Venus de Milo a disparu de vos livres (et c’est dommage). Pour quelle raison ?
  1. Milo l’a réclamée ?
  2. Les associations d’handicapés ont porté plainte ?
  3. La relation que vous entreteniez avec la Venus a débouché sur un problème psy ?
Vous n’êtes pas sans savoir que la Venus de Milo n’a pas de bras, ma relation avec elle était donc essentiellement orale et, nom d’une pipe, au bout d’un moment les meilleures choses ont une fin ; tout comme mes albums. Une forme de lassitude conjugale ? Oui, on pourrait dire cela.

Ne vous considérez-vous pas comme un usurpateur dans la mesure où toute personne normalement constituée (c’est mon cas) appréhende le monde comme vous ?
Écoutez, vous vous vantez d’être normal, pas moi. Une vie ne vaut la peine d’être vécue que si elle échappe à la norme, à la morne norme.

Quand le chat n’habite pas vos albums, où vit-il ?
En moi, bien sûr. Dans mon esprit, mon cerveau, mon imagination. Il se nourrit de moi et je nourris ma famille et moi-même de lui. C’est ce qu’on appelle une symbiose, une association à bénéfices réciproques. Ça pose parfois problème lorsque le chat se soulage, fait ses besoins. Je suis obligé de consulter un psy pour m’en débarrasser. J’ai aussi vécu une période  qui m’a valu quelques blocages osseux et qui a nécessité des visites chez un ostéopathe. Je n’arrivais pas à définir précisément mes limites et celles du chat, ce qui fait que je me bloquais dans des postures plutôt ridicules en tentant de me lécher partout. Maintenant j’ai compris et j’exécute des dessins et des textes les mieux léchés possibles. Je laisse le reste au chat.
Chacun son domaine.

Une toute dernière question. Pourquoi portez-vous des lunettes et pas le Chat ?
Justement, pour que chacun reste dans son domaine et que les lecteurs ne nous confondent pas.

Interview presque imaginaire avec Philippe Geluck et le chat
Le psychanalyste de Philippe Geluck, M. Félin, a bien voulu nous confier l’enregistrement d’une consultation consacrée au célèbre dessinateur humoriste belge amateur de matous, dont les passages les plus intimes ont été gommés.

_ Je suis hanté par cette question : « Est-ce moi qui finit par ressembler au Chat, ou l’inverse ? Et que serais-je devenu si je ne l’avais pas inventé ? Il m’arrive même de me demander si ce n’est pas lui qui m’a inventé.
_  De la même manière que ce sont les enfants qui font les parents.
_ Oui, il m’a créé, mais il m’a limité. Un lecteur attentif remarquera les Venus de Milo., les dizaines de Venus de Milo dont j’ai parsemé mon œuvre.
_ Quelle conclusion en tirez-vous ?
_ J’aurais aimé être un sculpteur grec. Classique. Et je me retrouve à dessiner des farces. Les bras m’en tombent  littéralement.
_ Vous pourriez cependant considérer le passage de la sculpture en trois dimensions au dessin en deux dimensions comme un progrès.
_ … ?
_ Nous vivons en trois dimensions, c’est naturel. Le passage à deux dimensions nécessite un recours à l’abstraction, à l’interprétation. Dans laquelle se glisse l’humour.
_ Vu comme ça…
_ La représentation égyptienne de profil a constitué une énorme avancée civilisationnelle. Si nous poussons le raisonnement, nous obtenons Dieu. L’éternité.
_ Re… ?
_ Dieu échappe à toute restriction dimensionnelle. Sans dimension, il est partout, éternel.
_ Imparable !
_ Vous mentionnez dans l’un de vos livres, une autobiographie douteuse, votre fuite de la Bulgarie, à l’époque de l’URSS, dans un camion de ferments de yaourts. Ferment/ ment/mentir/. Et puis « ment » est une syllabe du mot « manman ». Votre œuvre entière n’est-elle pas une demande de reconnaissance maternelle ? Un appel au secours ?
_ Je ne sais pas. C’est à vous de me le dire. Je me suis aussi inventé un père directeur de prison et une cellule en guise de chambre. Je suppose que la BD m’a permis de multiplier les cases que je voyais comme autant de cellules…jusqu’à ce que je parvienne à les supprimer pour me libérer. Mais je ne me sens pas totalement libre. Il m’arrive d’imaginer un monde dirigé par les chats avec un Philippe Geluck en héros de bande dessinée.
_ Et ?
_ Et ça me gêne d’être exhibé. J’ai l’impression de ne plus être moi-même. J’ai peur d’attraper la grosse tête…et qu’on ne voie plus que mes moustaches.
_ Ne vous inquiétez pas, en ce moment on ne parle que de la Choupette de Karl.
C’est l’heure. Vous avez pensé à apporter les trois dessins pour régler la séance ?

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