Marie Dorin-Habert, une tête bien faite !


Une sortie de piste bien négociée.


| Rédigé le Vendredi 6 Avril 2018 |

Marie Dorin-Habert - J.O 2018
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Entretien avec Marie Dorin-Habert qui vient de mettre fin à une brillante carrière.
 
Marie Dorin, vous venez de mettre fin à votre carrière sportive.  C’était le bon moment ?
Peut-être même l’année de trop. Déjà l’an dernier mon niveau baissait, j’avais du mal à l’entretenir. Cette année j’ai bien failli ne pas être sélectionnée pour les J.O. Les choses se sont jouées au dernier moment, et j’ai bien fait d’y aller !

C’est parce que vous êtes une vraie compétitrice et que vous avez tenu bon.
Sans doute. Il y a fallu beaucoup de douleur. J’avais même envisagé d’arrêter ma carrière avant les J.O s’il l’avait fallu.

Vous avez quand même tenu bon.
Nous sommes des compétiteurs, il faut aller jusqu’au bout.

Vous aviez déjà envisagé le moment de la reconversion qui arrive maintenant ?
Oui, depuis plusieurs années. Je poursuis des études dans le domaine de la biologie-écologie-environnement et vais finir mon Masters 2. Je suis toujours à droite, à gauche parce que je mène plusieurs activités de front… et puis j’ai un projet hôtelier à Corrençon-en-Vercors avec mon mari et un ami, Robin Duvillard, qui fait partie de la famille. Il s’agit d’un hôtel où accueillir tous ceux qui auront envie de venir. Nous avons à cœur de faire découvrir le Vercors grâce au sport. C’est ce que nous avons fait pendant toute notre carrière. Nous sommes tombés amoureux du Vercors dont nous avons écumé tous les chemins. Nous y habitons, mon mari et moi bien que nous n’en soyons pas originaires. L’hôtel est une manière de donner une structure à cette envie de partage et de découverte de ce que nous avons appris à aimer nous-mêmes.

Pour devenir compétitrice, il faut des qualités personnelles, que la compétition développe ensuite, c’est une sorte de complémentarité qui rejaillit dans la vie personnelle ?
Etre athlète de haut niveau permet de se lancer dans un domaine, d’en connaître les règles, d’accepter l’échec, de le digérer et de rebondir ; on apprend ainsi à être plus serein. On apprend à travailler, à développer le goût de l’effort en se fixant des objectifs, à planifier toutes les étapes pour les atteindre. On apprend aussi à déléguer en s’entourant de gens qui ont les compétences que nous ne possédons pas et qui nous sont nécessaires. C’est ce qui se passe maintenant puisque nous ne sommes pas hôteliers. Même si nous avons beaucoup voyagé et connaissons bien ce milieu, accueillir des gens est une profession. C’est pourquoi nous nous entourons de gens compétents. Et même si nous partons un peu dans l’inconnu, la démarche est excitante parce que nous sommes nos propres patrons et parce que nous montons notre projet avec nos valeurs.

Ce que vous dites rejoint ce que vous avez pratiqué pendant des années, l’effort individuel dans un esprit d’équipe.
A l’évidence il y a beaucoup de points communs entre le monde de l’entreprise et celui du sport, ne serait-ce que se donner les moyens d’atteindre ses objectifs.   

Les études que vous poursuivez vont vous mener vers une activité professionnelle ?
J’aimerais être à mi-temps dans l’hôtellerie et à mi-temps dans le domaine de mes études, et continuer à m’améliorer. Il est assez difficile d’accepter de redevenir novice dans une discipline après avoir été athlète de haut niveau. Il faut transposer ce qui nous a mené au plus haut niveau sportif dans la vie de tous les jours.

A vous entendre, vous semblez bien prête à tout ça.
Je n’en sais rien, je viens juste d’arrêter et je suis un peu débordée en ce moment. Il y a tant de choses à faire ! Ma fin de carrière, la maison, notre projet, ma vie de famille…

Il va falloir un peu de temps.
Et que je m’organise. Je ne suis pas encore vraiment posée. Il me faudra peut-être plusieurs années pour réaliser ce que j’ai en tête, mais j’y parviendrai.


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