Vaste sujet que la connerie qui mobilise tant de têtes pensantes, tout particulièrement à notre époque.
Le sujet constitue même un gagne pain non négligeable puisque Jean-François Marmion lui consacre un 2° volume, « Histoire Universelle de la Connerie » après « Psychologie de la Connerie ». Il nous faut donc constater que se pencher sur la connerie permet, à défaut d’y sombrer, de faire réfléchir le lecteur, de le divertir, parfois dans la même démarche en y mêlant de l’humour.
Noir essentiellement avec l’album de Reuzé et Rouhaud.
Un discours décalé de son contexte, un raisonnement poussé jusqu’à l’extrême et à l’absurde, la paille dans l’oeil d’un possible voisin alors qu’on ne voit pas la poutre qui obstrue notre conscience, les manipulations de notre merveilleux système économique, l’infantilisation, le traitement à la lettre de situations liées à l’actualité, voici de quoi alimenter la machine à créer de la connerie à laquelle nous participons tous.
Mais comment un poisson peut-il être conscient qu’il vit dans un aquarium ?
Cette BD nous offre un petit bond au-dessus de la surface de l’eau et nous transforme en poissons volants pendant une soixantaine de pages. Dieu que la vue est sombre pendant ce moment d’allègement avant le retour à la gadoue mentale !
Parmi les mots utilisés pour traduire le phénomène, la connerie s’impose souvent aux dépens de la bêtise, du crétinisme, de l’idiotie, de l’ânerie, de l’imbécillité, de la stupidité et d’autres encore. Pour quelle raison ?
Faire preuve de connerie, c’est littéralement repasser en sens inverse les limites du con ( de cunus , latin, sexe féminin désigné très vulgairement), ou bien ne jamais les avoir franchies,c'est remonter à un stade prénatal. La connerie est en quelque sorte une manifestation de non existence, de négation d’identité propre et de culture, la négation d'ouverture au monde et la traduction d'un mode de pensée en vase clos. La fameuse phrase prononcée au salon de l’agriculture par un Président de la République « Casse-toi, alors, pauvre con ! » illustre parfaitement ce sens. A la personne qui refuse de lui serrer la main, donc de le reconnaître, le Président refuse « alors », à son tour, de reconnaître la moindre forme d’identité en la traitant de con. Ce jeu sur l’identité rappelle une anecdote ; traité de connard, Chirac aurait répondu en tendant la main « Enchanté, moi c’est Jacques Chirac. » Quant à de Gaulle accueilli aux cris de « Mort aux cons ! », il aurait répliqué « Vaste programme ! »
Dans Les Tontons Flingueurs, Audiard fait dire à l’un de ses personnages « Les cons, ça ose tout ; c’est même à ça qu’on les reconnaît ». Or, qui n’a jamais tout osé, ne serait-ce qu’en pensée ? Et bien souvent c’est simplement la réussite ou l’échec qui distingue a posteriori le génie du con.
Le sujet constitue même un gagne pain non négligeable puisque Jean-François Marmion lui consacre un 2° volume, « Histoire Universelle de la Connerie » après « Psychologie de la Connerie ». Il nous faut donc constater que se pencher sur la connerie permet, à défaut d’y sombrer, de faire réfléchir le lecteur, de le divertir, parfois dans la même démarche en y mêlant de l’humour.
Noir essentiellement avec l’album de Reuzé et Rouhaud.
Un discours décalé de son contexte, un raisonnement poussé jusqu’à l’extrême et à l’absurde, la paille dans l’oeil d’un possible voisin alors qu’on ne voit pas la poutre qui obstrue notre conscience, les manipulations de notre merveilleux système économique, l’infantilisation, le traitement à la lettre de situations liées à l’actualité, voici de quoi alimenter la machine à créer de la connerie à laquelle nous participons tous.
Mais comment un poisson peut-il être conscient qu’il vit dans un aquarium ?
Cette BD nous offre un petit bond au-dessus de la surface de l’eau et nous transforme en poissons volants pendant une soixantaine de pages. Dieu que la vue est sombre pendant ce moment d’allègement avant le retour à la gadoue mentale !
Parmi les mots utilisés pour traduire le phénomène, la connerie s’impose souvent aux dépens de la bêtise, du crétinisme, de l’idiotie, de l’ânerie, de l’imbécillité, de la stupidité et d’autres encore. Pour quelle raison ?
Faire preuve de connerie, c’est littéralement repasser en sens inverse les limites du con ( de cunus , latin, sexe féminin désigné très vulgairement), ou bien ne jamais les avoir franchies,c'est remonter à un stade prénatal. La connerie est en quelque sorte une manifestation de non existence, de négation d’identité propre et de culture, la négation d'ouverture au monde et la traduction d'un mode de pensée en vase clos. La fameuse phrase prononcée au salon de l’agriculture par un Président de la République « Casse-toi, alors, pauvre con ! » illustre parfaitement ce sens. A la personne qui refuse de lui serrer la main, donc de le reconnaître, le Président refuse « alors », à son tour, de reconnaître la moindre forme d’identité en la traitant de con. Ce jeu sur l’identité rappelle une anecdote ; traité de connard, Chirac aurait répondu en tendant la main « Enchanté, moi c’est Jacques Chirac. » Quant à de Gaulle accueilli aux cris de « Mort aux cons ! », il aurait répliqué « Vaste programme ! »
Dans Les Tontons Flingueurs, Audiard fait dire à l’un de ses personnages « Les cons, ça ose tout ; c’est même à ça qu’on les reconnaît ». Or, qui n’a jamais tout osé, ne serait-ce qu’en pensée ? Et bien souvent c’est simplement la réussite ou l’échec qui distingue a posteriori le génie du con.
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Pour Move-On Magazine ce thème est un fil rouge. Vous le retrouverez dans nos articles sur « L’invasion des imbéciles » de Tiphaine Rivière, dans nos critiques des livres de Jacques-A. Bertrand, dans celle de « L’encyclopédie de la stupidité » de Matthijs Van Boxsel (le meilleur rapport qualité/prix), du livre de Roger Price « Le cerveau à sornettes. »
Le dessin très sobre, réalisé parfois à l’économie, épouse parfaitement l’esprit de « Faut pas prendre les cons pour des gens. »
Non mais !
Suggestion dans l'esprit de "Faut pas prendre les cons pour des gens", pourquoi l'Etat n'installerait-il pas des radars qui veilleraient à ce que nos mots ne dépassent pas nos pensées? Allons plus loin et imposons l'usage de mots nettement plus lents que la pensée afin de limiter toute friction intellectuelle et consacrons le recours à un dictionnaire unique, celui des éléments de langage visé par la censure, dans l'esprit de la Novlang de "1984."
Une dernière remarque que l'on pourra interpréter comme rassurante ou inquiétante : si vous tapez "connerie" dans votre moteur de recherche préféré car pratiquement imposé apparaissent un peu plus de 6 millions de résultats alors que "intelligence" en rassemble plus d'un milliard...
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