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Move-On Magazine

Christel Petitcollin aide à penser et à panser


Move On l’a rencontrée au salon « On est bien », à Annecy ce dimanche 1°octobre 2017


| Publié le Lundi 2 Octobre 2017 |

Pensez-vous que vos livres permettent une prise de conscience personnelle pour que la société change, évolue vers plus de bien-être ?
Je l’espère. J’espère que mes livres suscitent le phénomène d’empoverment qui consiste à récupérer de la puissance. Empoverment est un mot nouveau qu’on va entendre de plus en plus. Il s’agit de mieux reprendre le pouvoir de sa vie, de mieux comprendre qui on est, comment on fonctionne, de mieux le revendiquer aussi, ce qui est très important pour passer à un empoverment collectif qui concerne par exemple les gens qui se reconnaissent dans mon livre Je pense trop et considèrent que ce mode de pensée est normal et non pathologique. Ce phénomène d’empoverment sociétal doit s’exercer contre le phénomène que je dénonce sans relâche composé de la manipulation mentale, de l’emprise et du harcèlement, ces grands fléaux de notre société.
Récupérer son pouvoir individuel et collectif participe-t-il à l’amélioration du monde ? Je ne sais pas mais c’est par là qu’il faut commencer. On retrouve son pouvoir d’agir, on se connaît et on s’assume.

La recherche de bien-être et de bonheur semble accrue aujourd’hui. Est-ce parce que notre époque et ses contraintes nous y poussent davantage ?
Indéniablement oui. Nous sommes dans une société malade, totalement déconnectée de notre biologie, qui nous déconnecte de nos besoins de sommeil, de nos besoins alimentaires, d’air pur et d’eau propre. Cette société nous déconnecte de nous-mêmes. Nous sommes comme des instruments de musique dans un orchestre qui sonne faux.

On ne peut donc même plus s’entendre soi-même ?
Exactement. Il faut souligner aussi qu’avant les sociétés étaient plus petites. Une surveillance mutuelle était possible. Plus le groupe est important  et plus les personnes nuisibles, les passagers clandestins peuvent exister en toute impunité. Je suis une fana de la Russie, j’y vais souvent, je parle russe, et dans ce pays ils ont gardé le sens du collectif. L’épanouissement personnel n’y a pas trop de sens , alors que nous sommes en train de redécouvrir le collectif. Blablacar en est un exemple tout simple et très convivial.
   A cause des contraintes économiques, nous revenons aux appartements communautaires que les Russes abandonnent maintenant. Etudiants, célibataires, divorcés se mettent à plusieurs pour avoir un appartement plus grand, communautaire.

C’est le paradoxe, tout en étant dans notre recherche de développement individuel « Moi, moi ,moi ! »,on retrouve les valeurs du collectif à cause de ou grâce à la crise économique.

Y a-t-il une typicité française, avec notre fameux « Je pense donc je suis » qui entraîne une certaine façon de penser et une forme de souffrance ?
Oui. Mes livres sont publiés au Québec, en Suisse, en Belgique, en Corée,en Chine, en Russie, aux Pays Bas, en Italie, en Espagne et bientôt en Allemagne. J’ai donc de plus en plus de lecteurs internationaux qui m’interpellent sur mes écrits. A travers leurs réactions je peux comparer, voir les différences et les similitudes car certains points sont universels.

    Les Français se prennent trop au sérieux ; ils ne prennent pas assez les choses au sérieux mais se prennent eux-mêmes trop au sérieux ; au Québec, c’est l’inverse. On est beaucoup trop axé sur les diplômes en France, au point d’en oublier le côté transversal des pratiques. C’est trop spécialisant, trop cloisonné. On oublie que certaines formes de médecine pourraient aider la médecine allopathique, même si les hôpitaux s’ouvrent à certaines pratiques. En Suisse les herboristes sont reconnus, les naturopathes ont été validés alors que la France les transforme en sectes. Il en va de même sur le plan psychologique, on est trop psychanalytique en France. On ne laisse pas assez d’espace à toute cette mouvance de développement personnel – qui est ma partie, je le reconnais bien volontiers- dont les outils sont puissants et performants et desquels se privent les pratiques traditionnelles.

Il semble indispensable d’évoquer au passage notre fameux système scolaire.
Oula ! Je vous livre un scoop : j’ai été institutrice !J’ai fait l’école normale d’instituteurs après le bac, j’ai enseigné un an et demi et je me suis sauvée en courant. Je concevais l’enseignement à la Joseph Pagnol, qui était mon modèle…et je suis arrivée dans un truc épouvantable !
    Quand je vois ce que fait aujourd’hui Céline Alvarez, j’ai honte de m’être sauvée (rires).Il y a cependant un aspect de l’école qui en fait un refuge pour les gens qui, par exemple, ont souffert de parents toxiques, et avec lesquels je travaille beaucoup. Pour ces enfants l’école est un espace de répit et l’occasion de rencontrer parfois un enseignant qui va leur redonner confiance en eux. L’école est donc un lieu constructif pour cette raison. Dans La revanche du rameur, Dominique Dupagne explique que les gens trop performants mettent la pagaille dans le système. Revenons à Céline Alvarez qui apprend la lecture à ses élèves en un an quand il en faut trois à ses collègues. On a besoin, quand même, d’une certaine uniformité, l’école doit fédérer, « standardiser », même si le mot est laid.
   Quand les enseignants disent que c’est aux enfants de s’adapter à la société et non l’inverse, ils ont globalement raison. L’école doit permettre le vivre ensemble.
  
Mais il ne faut pas confondre le vivre ensemble et la connaissance.
Si vous évoquez les enfants précoces, surdoués, à QI élevé, quelle que soit l’appellation, et je leur associe les autistes, ils représentent à mon avis 10% de la population scolaire, alors on se dit qu’on ne va pas se pourrir la vie pour cette frange minoritaire ; ils n’ont qu’à s’adapter. De la part d’un normo pensant, cette logique se tient et elle fait hurler les autres. Je suis persuadée que les gens à pensée linéaire ne peuvent pas avoir accès à la pensée complexe.

Les enseignants qui méconnaissent ce type d’intelligence se privent de ressources extraordinaires pour animer leurs cours.
Oui…si vous pensez qu’ils se privent. Quand un enfant qui a la forme d’intelligence que nous évoquons vient dans mon cabinet, je roule une feuille de papier et lui demande de regarder par l’une des extrémités comme à travers une lunette. Je lui explique que c’est ce que voient la plupart des gens. J’évase ensuite une extrémité de la feuille pour former un cornet et élargir le champ de vision et lui explique qu’il correspond à ce qu’il voit lui.

Vous avez écrit un livre dont le titre est Je pense trop. Est-ce que réellement certains pensent trop ? Est-ce qu’est dommageable ?
« Je pense trop », c’est ce qu’ils disent tous, et c’est aussi ce qu’on leur retourne. « Tu te poses trop de questions, tu compliques tout, tu penses trop ! »
   De mon point de vue, on ne pense jamais trop, en revanche il ne faut pas se laisser promener par ses pensées.

Ne pas tourner en rond.
Il faut apprendre à naviguer dans la pensée arborescente, sinon on s’y perd et on peut en souffrir. Des formes de dépressions sont liées à cette pensée, par contre quand on comprend comment fonctionne cette fichue pensée, ce cerveau et ce qu’on peut en faire, là on peut s’ amuser.

Si l’on regarde certains titres de vos livres, Scénario de vie gagnant , Emotions, mode d’emploion pourrait penser qu’il y a des recettes pour le bonheur ?
Je trouve que oui. Il est dommage de s’en priver. On retrouve là la psychologie traditionnelle qui dit que nous sommes tous différents, qu’il ne faut donc pas généraliser…mais on peut généraliser dans certains cas parce qu’il y a des choses communes.
     Si je prends mon livre Les clés de l‘harmonie familiale , un petit livre, j’écris que , pour qu’une famille soit saine (et il n’y en a que 20% environ) il suffit que chacun soit à sa place et joue son rôle. C’est une recette. C’est ce qu’il y a de plus simple, et de plus compliqué à mettre en place .Si mari, femme, enfants, grands parents sont à leur place, la famille est saine et fonctionne .
 
Ce sont des bases simples, mais la simplicité est le plus souvent difficile à atteindre, dans bien des domaines.
C’est exactement ça !

Un mot sur votre passage au salon « On est bien ».
J’ai vécu douze ans à Annecy. J’ai même été chroniqueuse pour Actives. Je connais bien Annecy, j’y ai passé de très belles années et je suis ravie d’y revenir.
 
 
 

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