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Move-On Magazine

À la découverte des Pitt Poule. Une rencontre


À l’occasion du 1er jour de festival et de notre 1ère interview d’artistes, les Pitt Poule nous ont soignées. Des grands sourires, une bonne humeur communicative, et une invitation à faire l’interview en terrasse, en buvant un verre (ils invitent, ils insistent☺). Ça commençait pas mal du tout ! Et ce n’était que le début…
Les Pitt Poule, ils sont cinq, ils sont bavards et ils ont tous des surnoms. Martin Legros aka Monsieur Grande Bouche (ceci explique cela), Thibault Cicéron aka Thibass, Vincent Mazzarino aka Zarino La Pompe, Laurent Loiseau aka Commandant Shepherd et Yann Fiard aka MC Vagabond. Une belle bande. Non seulement ils parlent beaucoup, mais ils parlent aussi un peu en même temps. Voici un florilège de leurs sentiments, mots et pensées communes…


| Publié le Samedi 5 Septembre 2015 |

Pitt Poule et Move-On en terrasse, quelques heures avant le concert
Pitt Poule et Move-On en terrasse, quelques heures avant le concert
Pour être honnête, avant de vous voir sur le programme du festival, on ne vous connaissait pas, c’est chouette de découvrir un groupe local à l’occasion de Musilac…
 
Ben oui, c’est normal, on est tout jeune !
 
On doit être à peu près de la même génération, 25-30ans (s’en suit une présentation en bonne et due forme de l’âge de chacun-e, pour finalement se faire appeler « Daronne » à 30-35 ans, merci les gars) et comme vous êtes de Chambéry, vous avez pu voir le Festival grandir à mesure des années, ça fait quoi de se retrouver sur cette scène aujourd’hui ?
 
Ben ça fait grave plaisir ! Ce qui est classe, c’est qu’alors qu’on ne pensait même pas pouvoir jouer à Musilac, on nous a appelés pour qu’on vienne, y a un mois de ça ! C’était une super surprise. On était en train de faire des démarches à Chambéry pour une sortie d’EP, on galérait pour trouver des médias, de la télé (parce que pour trouver les bons contacts, c’est pas simple), et là, au milieu de tout ça, le téléphone sonne « Bonjour, Bruno Garcia, Musilac, est-ce que vous êtes dispo jeudi 9 juin pour jouer à Musilac ? - Heu… ben, alors attendez, je vérifie… heu… d’accord !!! » (rires général) Donc oui, super surprise, très contents d’être appelés, ça étoffe le joli tour de festival qu’on fait cet été…
(le serveur arrive, la commande est prise)
… On fait une quinzaine de dates, notamment de bons festivals de jazz comme Saveur Jazz Festival, Jazz à Marciac, etc. Aussi, on a intégré un dispositif national pour découvrir le jazz qui s’appelle Métis Jazz Émergence.
 
Est-ce que ce dispositif est lié à votre formation ?
Nous on est rentrés à l’APEJS qui est une association dans les locaux du conservatoire de la cité des arts à Chambéry. C’est une école à formation diplômante, et on s’est tous connus là-bas en 1ère et 2ème année. Le groupe s’est d’abord monté en mode très scolaire et puis quand on a vu qu’on y arrivait, on s’est vraiment lancé ! Ce qui est bien c’est que l’école a un bon réseau, surtout au niveau régional, donc elle nous a fait pas mal tourner, la première année, sur la région en général et sur les départements Savoie / Haute-Savoie en particulier. Et comme l’APEJS est l’une des cinq écoles qui font partie du dispositif Métis Jazz Emergence, elle nous a poussé dans cette direction, même si on n’est pas vraiment pur Jazz - on est vraiment un mix de jazz manouche et hip-hop. Mais c’est bien, ça fait des mélanges, et du coup, l’année prochaine, ils changent de nom, ça va s’appeler Jazz et Musiques Emergentes. Après, ce n’est pas uniquement à cause de nous, ça fait déjà quelques années qu’il y a des groupes plus ouverts, mais c’est vrai qu’on a fait une résidence avec les autres groupes cette année, et c’est clair qu’on dénote ! Ca passe bien, les gens aiment bien, mais on ne sait pas trop où nous placer…
 
Justement, dans la bio qu’on peut lire sur votre site, vous vous appuyez sur des stéréotypes pour vous décrire (« des rappeurs qui ont un pitt, des manouches qui ont des poules »), mais en même temps, vous revendiquez un mélange des genres, ça fait partie de votre identité ?
Oui, carrément. C’est sérieusement qu’on ne se prend pas au sérieux. Au départ, on utilise les stéréotypes de chaque style pour les mélanger tout en les respectant, parce qu’on aime ça.

Vous avez toujours eu envie de faire ça ? Est-ce que c’est ce qui a donné naissance au groupe ?
Non, pas vraiment, au départ c’était plus une boutade, autour d’un projet scolaire, j’ai (Martin) proposé de mélanger ces deux styles-là, et hop, c’était parti. Nos influences jouent beaucoup évidemment, parce que même si on ne faisait pas particulièrement de Hip Hop, on en écoutait, forcément. Pour ce qui est du jazz manouche, Vincent touchait un peu de la pompe, donc c’était un peu le manouche de la bande - il est mi-italien, mi-manouche, si tu touches à sa sœur, t’es mort (rires général). Après, ça évolue au fur et à mesure, parce que dans le jazz manouche, y a pas vraiment de textes, c’est surtout de la mélodie à la base et de la technicité musicale, et nous on y apporte des paroles, avec des textes qui viennent puiser dans la chanson française. De ce côté-là, les influences de Yann (qui écrit les textes, NDLR) sont plutôt vers Java, Hocus Pocus, c’est pas vraiment du hip hop genre NTM, c’est moins hard core…
 
… à ce moment-là la commande arrive, on trinque, on t’chin, on en profite pour se re-présenter, refaire un tour de table du qui est qui, s’en suivent des tours de devinettes du qui est qui… c’est sûr, on va être en retard pour notre interview suivante. Aller, c’est pas grave…
 
Vous avez tous des noms de scène, ça entraine un puissant imaginaire, ça me fait penser au cinéma… c’est venu comment ?
Dès qu’on est montés sur scène, on a voulu créer cet imaginaire hip hop manouche, avec des costumes, des décors, on y tenait vraiment. C’est une sorte de mélange de mélanges, avec d’un côté des manouches avec leurs chemises un peu ringardos, leurs costumes rayés, les pompes vernies, et de l’autre côté, y a des mecs plus hip hop, avec des capuches sur la tête, des bonnets, des futs bas et larges – et puis y en a un, c’est le mélange des deux, avec un peu n’importe quoi sur la tête (référence à Martin qui arbore des dreadlocks relativement « autonomes » et qui revendique l’appellation de Poulpe à casquette). Les noms de scène, au départ on n’en n’avait pas, et puis c’est venu comme ça, à force de délirer ensemble. Tu parles de cinéma, moi (Yann) ça me fait penser à Zampano dans La Strada - pour dire vrai, il a fallut un certain temps avant qu’on retrouve ET le nom du film, ET le nom du perso. En fait, il y a toujours eu un côté théâtral. Au départ, c’est parti du fait qu’il n’y avait pas assez de chansons dans le show, donc il fallait faire les cons entre chaque chanson, il fallait le fournir, et maintenant on tient pas mal à cet aspect-là du spectacle. L’échange avec le public, qu’on va chercher, est super important pour nous. On n’est pas là que pour faire de la musique, ça c’est hors de question. Donc on est allé puiser dans les personnalités de chacun et de là sont nés les personnages. Thibaud, qui est à la basse, ça a donné Thibass, Lolo, qui a toujours son T-Shirt « Sea Shepherd » qui est une association de protection des environnements marins, est devenu Commandant Shepherd, Martin qui a la tchach, qui est un peu devenu le chargé de com’ des Pitt Poules, ça a donné logiquement Mr Grande Bouche, et pour ma part (Yann), c’est parti d’un texte que j’ai écrit, « Manouche, d’ici et d’ailleurs, chope ta guitare, prends demain le premier train pour n’importe quelle gare, beatmaker, voyageur, ou MC Vagabond… » et voilà, c’est resté MC Vagabond, pour rigoler.
 
Ça sonne bien et ça invite véritablement aux voyages…
Oui, après, entre nous, on s’appelle par nos prénoms - sauf peut-être Zarino, c’est resté (rires). Par contre, quand on veut se charrier, on n’hésite pas…

Vous parliez de théâtre, est-ce que vous avez une autre formation en parallèle de la musique ?
Non, pas vraiment, c’est plus en pratiquant la scène, ça vient comme ça, et puis parce qu’on rigole tout le temps, on est tatoué « humour »… On est de grands fans de Coluche, on est tout le temps en train de se bâcher, on prône un groupe convivial, donc ça ne peut pas être uniquement dans notre musique, faut que ça vienne de nous aussi… Après, certains d’entre nous (Yann, Laurent) ont des projets de théâtre en parallèle, mais à chaque fois c’est issu de la musique. Finalement, on est presque plus animateurs que théâtreux. On a beaucoup travaillé avec des enfants, on a fait de l’animation scolaire, lui (Laurent) est papa de quatre enfants, donc si tu veux, pour nous c’est normal de véritablement inviter les gens à écouter notre musique, de leur donner envie. Un truc qui nous ferait envie, c’est de monter un spectacle Pitt Poule pour les gamins. Laurent est prof à côté, on est plusieurs à donner quelques cours, mais bon, on va d’abord finir notre show, et puis on verra après…
 
Et est-ce que vous bosser à côté de la musique?
En cœur, et chargé d’ironie. NON. Genre, c’est quoi notre vrai travail, c’est ça que tu veux dire ?
 
Ouhlà, sujet sensible ! T’inquiète, j’ai fait de la recherche dans le cinéma pendant des années donc je sais ce que c’est de ne pas être considéré comme une vraie travailleuse (rires). Mais tu (Laurent) dis que t’es prof à côté, donc forcément je pose la question…
 
Oui, c’est vrai, on est plusieurs à donner des cours de musique, certains plus que d’autres. Mais c’est vrai que l’objectif, c’est d’être musiciens. On a une formation qui nous permettrait d’être prof, mais ce qu’on veut, c’est être sur scène. On est amateur au sens où on adore ce qu’on fait, mais on est professionnel au sens où on ne veut faire que ça. Le but c’est d’en vivre et de passer notre temps à ça. On a tous nos projets différents à côté, mais Pitt Poule c’est le principal.
 
Et vous avez l’intention de vous faire plaisir en allant écouter d’autres groupes pendant le festival ?
Alors pour citer un grand philosophe présent autour de cette table : « Moi j’y vais que si j’y joue » (rires). En fait, ce qu’on veut dire c’est que c’est trop grand, pour nous, ces festivals, on n’y va pas en tant que touriste. Nous on aime les festivals à la campagne. Après là, on y joue, donc on y est, donc évidemment on va écouter Minuit et Gush ce soir, et encore, on peut pas tous y aller. C’est bête mais par exemple moi (Laurent) ce soir j’ai mes enfants qui sont tout seuls, donc je ne peux pas rester, et demain, pareil, je vais pas pouvoir y aller non plus. Après, quand j’ai vu qu’on était sur la même affiche que Slash, j’étais comme un fou ! Si j’avais pu choisir un jour, je serai venu demain (vendredi 10 juin, NDLR) pour voir Slash ou encore Rival Songs, un groupe très 70’s influencé par du Led Zep’, c’est du bon rock. Y a aussi Imelda May, qui est super. Christine and the Queen, on aurait bien aimé voir, c’est clair, elle déboîte sur scène, et même si c’est pas au goût de tout le monde, elle apporte un truc nouveau et frais qu’elle assume super bien, c’est top. Moi (Martin), c’est vraiment ce que je respecte chez un artiste, après s’il arrive à me toucher, c’est la cerise sur le gâteau… Après, souvent, même s’il y a des artistes qu’on n’aime pas trop, ça vaut le coup d’aller les voir rien que pour leurs zicos. Moi (Laurent, et le groupe insiste en cœur pour qu’il prenne ses responsabilités), Johnny m’appelle demain pour que je vienne jouer avec lui, j’y vais direct !
 
Bon, c’est pas qu’on n’est pas bien avec vous, mais on va devoir partir pour aller interviewer la Cie La Batook, ils jouent juste avant vous ce soir, vous les connaissez ?
Oui, oui, on était en résidence avec eux à la Salle Noire à Grenoble. C’est nos potes ! Et François, le mec qui gère la compagnie a fait le conservatoire avec nous, donc on se connaît bien.
Bon, et quand même, un dernier mot avant de se quitter, on voulait présenter nos techniciens, parce que sans eux, ben y a pas de show ! Donc nos ingénieurs du son, c’est Julien et Baptiste, à la lumière on a Karen, et puis on a Paul, qui s’occupe du merchandising et de la page fan Facebook. Voilà, c’était le mot de la fin ! Merci Move On Mag!

Vous vous demandez quand est-ce que vous allez bien pouvoir voir les Pitt Poule?! Et bien c'est tout vu : à Morges le 17/09! Profitez-en, courrez-y!
N.B. : l'interview avec les Pitt Poule est également dans le Mag #9 :)


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