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Espèce d’enflure, va !
Eh oui, la mode est à l’enflure, au buzz, à l’hyperbole qui consiste à exagérer parce que notre réalité qui ne suit pas toujours nos désirs s’use et nous soûle grave. Alors on la rhabille linguistiquement, on en rajoute. Le moindre petit machin devient un opus, un truc culte. Au restaurant un bouquet de saveurs devient une explosion de saveurs et le cuisinier se transforme en artificier. Il faut en avoir plein la bouche !
« C’est juste un peu trop abusé ! » comme dirait l’autre.
« Et X… poussait derrière comme un malade. C’était énorme » entend-on à propos du dernier concert de Téléphone. Une voiture se doit d’être suréquipée, au risque de complexer le premier bonhomme venu. L’époque est à l’hyperbolitude, à l’enflure. Notre monde veut se faire univers et enfle, enfle sa vision et son récit de lui-même à travers un langage hypertrophié.
Espèce d’enflure, va ! Nous devenons grenouille au risque de crever, comme dans la fable de ce bon Monsieur de La Fontaine :
Eh oui, la mode est à l’enflure, au buzz, à l’hyperbole qui consiste à exagérer parce que notre réalité qui ne suit pas toujours nos désirs s’use et nous soûle grave. Alors on la rhabille linguistiquement, on en rajoute. Le moindre petit machin devient un opus, un truc culte. Au restaurant un bouquet de saveurs devient une explosion de saveurs et le cuisinier se transforme en artificier. Il faut en avoir plein la bouche !
« C’est juste un peu trop abusé ! » comme dirait l’autre.
« Et X… poussait derrière comme un malade. C’était énorme » entend-on à propos du dernier concert de Téléphone. Une voiture se doit d’être suréquipée, au risque de complexer le premier bonhomme venu. L’époque est à l’hyperbolitude, à l’enflure. Notre monde veut se faire univers et enfle, enfle sa vision et son récit de lui-même à travers un langage hypertrophié.
Espèce d’enflure, va ! Nous devenons grenouille au risque de crever, comme dans la fable de ce bon Monsieur de La Fontaine :
« La chétive Pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages. »
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages. »
Ce mouvement s’accompagne d’une édulcoration de la réalité qui nous dérange. Le travail partiel se supporte mieux que le chômage partiel. Les dommages collatéraux passent mieux que les morts, les nègres (appellation que revendiquait Léopold Sédar Senghor) sont devenus gens de couleur pendant qu’apparaissait une foule de malentendants, de malvoyants et toute une gamme de déodorants.
Pendant ce temps, à l’Académie, Jean-Denis, Alain, Valéry, Erik, Danièle, Max et les autres nous concoctent une 9° édition du dictionnaire… je ne vous dis pas comme !
Nous pensons avec des mots et des idées qu’on nous fait croire nôtres. Nous sommes parlés par les médias, le discours politique et publicitaire. Le discours sur la violence et les conflits remplace les faits eux-mêmes. Il forme spectacle et lorsque les vraies gens sont confrontés à cette violence, ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. Il faut l’image d’un enfant de trois ans mort pour les réveiller. La dissociation entre la réalité et le discours qui est censé la dire est de plus en plus grand car au fil du temps, notre vision de la réalité devient un palimpseste qui, une couche linguistique et culturelle après l’autre, une mode en recouvrant une autre, construit une perception artificielle de notre monde.
L’art est peut-être le moyen de retrouver un avant sans apprêt, de dire et de vivre le monde sans l’habiller, de retrouver la force originelle des peintures de Lascaux. De racler les parois pour vivre la force de l’originel, de la voix, du geste, du mot, du regard.
Pendant ce temps, à l’Académie, Jean-Denis, Alain, Valéry, Erik, Danièle, Max et les autres nous concoctent une 9° édition du dictionnaire… je ne vous dis pas comme !
Nous pensons avec des mots et des idées qu’on nous fait croire nôtres. Nous sommes parlés par les médias, le discours politique et publicitaire. Le discours sur la violence et les conflits remplace les faits eux-mêmes. Il forme spectacle et lorsque les vraies gens sont confrontés à cette violence, ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. Il faut l’image d’un enfant de trois ans mort pour les réveiller. La dissociation entre la réalité et le discours qui est censé la dire est de plus en plus grand car au fil du temps, notre vision de la réalité devient un palimpseste qui, une couche linguistique et culturelle après l’autre, une mode en recouvrant une autre, construit une perception artificielle de notre monde.
L’art est peut-être le moyen de retrouver un avant sans apprêt, de dire et de vivre le monde sans l’habiller, de retrouver la force originelle des peintures de Lascaux. De racler les parois pour vivre la force de l’originel, de la voix, du geste, du mot, du regard.