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Rencontre avec Alban Gobert, manager du Haute-Savoie Nordic Team. Un modèle qui brille!


Emmitouflé dans une veste d’hiver, un bonnet sur la tête, Alban Gobert pousse la porte du Bon Lieu à l’image de tous ceux qui ont mis le nez dehors ce matin : pressé de se retrouver au chaud. C’est vrai que l’air pique déjà très fort en ce vendredi 16 octobre. Mais on oublie vite le froid quand on est en bonne compagnie (le problème de ce matin est donc réglé :), quand on se sert les coudes en équipe pour aller de l’avant… ou qu’on chausse ses skis de fond pour avaler 42 km de piste ! Manager du Haute-Savoie Nordic Team, équipe de ski de fond de haut niveau spécialisée dans les courses longues distances, Alban Gobert raconte son parcours sur les planches – celles qui glissent, pas celles qui brillent. Son but, à présent, c’est de faire briller les autres.


| Rédigé le Lundi 26 Octobre 2015 |

AlbanGobert©AvnerAdda
AlbanGobert©AvnerAdda
T’es monté sur les planches à quel âge ?
Ben ma maison était là, (la tasse à café sur la table fait office de maison) et la piste de ski de fond était là (le bâton de sucre en poudre, collé à la tasse à café, fait son office à son tour). Donc disons très tôt (rires). Mais je ne skie plus, je m’occupe du Haute-Savoie Nordic Team depuis deux ans maintenant – j’ai arrêté de skier y a cinq ans, je suis passé de l’autre côté de la barrière. Enfin, « je ne skie plus », en compétition je veux dire, mais bien sûr que je continue à skier pour moi, j’accompagne les gars dans les entrainements, mais je ne suis pas non plus leur entraineur, je suis leur manager… C’est-à-dire que je m’occupe de toute la partie administrative, juridique, comptable, mais le gros du travail concerne la communication et la commercialisation de l’équipe, avec la recherche et la gestion des partenariats. Je fais aussi de la gestion de carrière personnelle de certains des athlètes de l’équipe.

Tu peux nous parler un peu de la composition de cette équipe et de son histoire ?
Il y a 19 skieurs de fond dans l’équipe (10 permanents et 9 qui sont aussi retenus dans les collectifs de l’équipe de France de Ski), âgés de minimum 20 ans, qui ont tous suivi un cursus de haut niveau encadré par différentes structures avant d’en arriver là (la plupart sont passés par le comité régional de ski du Mont-Blanc). Ils ont alors deux voies possibles. La voie classique - s’ils ont eu d’assez bons résultats plus jeunes – ils sont en équipe de France, et alors nous, avec le Team, on agit comme soutien de ces athlètes à temps partiel. Et puis l’autre voie, pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’intégrer l’équipe de France qui est vraiment restreinte (toutes disciplines et niveau confondus, ça représente une vingtaine de garçons et une dizaine de filles), où là, les athlètes intègrent l’équipe à plein temps.

Alors pourquoi Haute-Savoie Nordic Team ? Parce qu’historiquement, on a un partenaire qui s’appelle Haute-Savoie Nordic (une association départementale qui gère et aide au développement des sites haut savoyards de ski de fond) et qui, dès 1996, date de création de l’équipe, a soutenu l’équipe et permis son développement. En fait, à la base, l’impulsion vient des athlètes qui étaient en marge de l’équipe de France, mais qui avaient encore plein de choses à donner – à 20 ans, en ski de fond, t’es loin d’être foutu ! - Si on prend l’exemple d’Ivan Perillat Boiteux, il n’a jamais été en équipe de France, il a d’abord fait cinq année « au Team » (dans l’équipe, NDLR) pour enfin gagner sa place à la Fédé (…ration de Ski Français, NDLR J) et finalement être médaillé olympique à Sotchi en 2014 avec cette même équipe de France, en relais. C’est l’exemple par excellence qui prouve l’importance de l’existence de notre équipe.

Alban Gobert nous explique, nous raconte... ©AvnerAdda
Alban Gobert nous explique, nous raconte... ©AvnerAdda
Est-ce que le modèle du Haute-Savoie Nordic Team existe ailleurs en France ?
Jusqu’en 2008, l’équipe a vécu avec le soutien de cette association départementale et du Conseil Général de Haute-Savoie. Elle était composée de 5 athlètes et il faut dire ce qui est, elle vivotait. Donc les athlètes ont décidé de trouver de l’argent supplémentaire avec des partenaires privés pour se trouver un entraineur. Ça a été le début de la démarche de professionnalisation de l’équipe. Personnellement, après avoir travaillé dans l’événementiel plusieurs années tout en continuant à m’intéresser à ce milieu et à l’équipe, j’ai proposer d’intégrer cette idée des courses longues distances (42km et au-delà) qui regroupent sur la même ligne de départ une population d’amateurs venus pour se dépasser, aux champions qui sont venus pour gagner. Le but était de permettre aux athlètes de l’équipe de s’aligner sur ces grandes courses populaires et renommées, d’aider à développer l’équipe, de gagner en médiatisation et donc d’attirer de nouveau partenaires privés. Comme les quotas dans les équipes nationales ne permettent pas à tous les athlètes de participer (même de très bon niveau) au circuit de la coupe du Monde, et bien il y a eu une émulation autour de ces courses longue distance, qui a finalement permis une professionnalisation des athlètes, par l’intermédiaire des équipes privées. En Scandinavie, forcément c’est le sport national donc il y a plus de possibilités pour les athlètes mais pour te donner une idée, un Peter Northug, qui est le skieur de fond phare en Norvège, dans son pays il vaut autant qu’un joueur de foot !

Parce qu’il faut savoir qu’au départ, il n’y pas véritablement d’athlètes professionnels en ski de fond – ceux qui pratiquent « professionnellement » sont en fait rattachés soit à l’Armée de terre, soit à l’administration des Douanes, qui sont deux entités d’état qui, dans les années 50, ont décidé de soutenir le ski de fond et les athlètes du ski en général. Donc en fait, les athlètes sont détachés, en tant que militaire, pour pratiquer leur sport à plein temps. Voilà pourquoi ils sont professionnels, mais indirectement.

Mais revenons au modèle du Haute-Savoie Nordic Team. En fait ce modèle existait dans le Jura depuis les années 80 et a été reproduit quasiment en même temps dans d’autres régions avec le Team Grenoble Isère Nordic dans le Dauphiné, puis en Savoie avec le Team Savoie Elite Nordic – le terme « nordic » permet de savoir tout de suite de quoi il s’agit - . La popularité grandissant, l’objectif est de ne plus avoir besoin de ce terme pour baptiser nos équipes (en fait, il existe déjà une équipe qui a fait ce pari, le team Gel Interim Rossignol, j’y reviendrai). Ces équipes vivaient toutes principalement de subventions départementales, avec donc un lien de subordination fort. Depuis deux ans, le Haute-Savoie Nordic Team a souhaité s’émanciper de ce lien. On garde bien sûr un lien fort avec l’association départementale et on s’entraide vraiment sur le plan sportif avec le Comité Mont-Blanc, mais on ne dépend plus d’eux ni financièrement, ni administrativement. L’équipe existe depuis 2013 en tant qu’association, comme structure indépendante. On fonctionne à 50% en autofinancement (c’est-à-dire qu’on créer un certains nombre d’actions qui nous rapportent de l’argent, et on engage nos fonds personnels), environ 20% d’argent public avec une aide indispensable des clubs en aide individuelle à chaque athlète, et le reste en fonds privés. On travaille beaucoup avec des entreprises locales et régionales, on s’oriente de plus en plus sur du national, mais c’est long à mettre en place.

La grande force du team, c’est que l’équipe est composée d’environ 20 athlètes chaque année, avec des jeunes, des moins jeunes, avec des objectif « coupe du Monde », d’autres de longues distances, et que l’équipe peut-être représentée sur différents circuits en même temps. Maintenant, sur les longues distances on joue les courses comme dans le vélo ! On fait des courses d’équipe, avec des stratégies super intéressantes ! Même pour les athlètes, c’est super à vivre, même s’il y a toujours un seul vainqueur, c’est vraiment l’équipe qui prime.

Pour revenir au modèle de Gel Interim Rossignol, ils ont trouvé un partenaire privé solide, Gel Interim qui, avec le concours de Rossignol, a créé une structure à l’intérieur de l’entreprise qui salarie les athlètes, ce qui a permis leur professionnalisation. C’est super parce que ce modèle justifie tout ce qu’on essaie de mettre en place et nous tire tous vers le haut. L’équipe donne des perspectives d’avenir à tous ceux qui n’entrent pas en équipe de France ou qui ont besoin de rebondir. Prends l’exemple de Mathias Wibault. Mathias est en équipe de France, mais à cause d’un début de saison un peu moyen, il perd sa place. Pas de Jeux Olympiques. Pas très bien mentalement, il revient au Team, nous on le récupère et aller, c’est reparti. Dans quelques mois il y a la Transju, et là, faut se refaire ! Et bim ! Il gagne la Transju. C’était magnifique, pour lui et pour le Team. La photo de la victoire de Mathias est sans doute celle qu’on utilise le plus dans notre communication. Et c’est quasiment le même cas de figure d’Aurélie Dabudyk, qui termine 2è de la FIS Marathon Cup l’année dernière (circuit international des courses longues distances), et qui visera la victoire sur chaque course et au classement général cet hiver.

Une dernière chose : à présent on intègre à l’équipe des athlètes de partout, pas uniquement de Haute-Savoie, pour la partie longues distances. Je le souligne, parce que c’est nouveau, et qu’on sera certainement amenés à le faire de plus en plus à l’avenir – on vient par exemple de recruter Elisa Brocard, une italienne qui va faire toute la saison des longues distances avec nous, et Loïc Guigonnet, qui est un ancien biathlète savoyard.

De gauche à droite : Baptiste Gros (athlète, équipe de France de Sprint), Damien Tarantola (Président du HSNT et équipe de France U23), Victor Roguet équipe de France U23), Alban Gobert (Manager) ©NordicMagazine
De gauche à droite : Baptiste Gros (athlète, équipe de France de Sprint), Damien Tarantola (Président du HSNT et équipe de France U23), Victor Roguet équipe de France U23), Alban Gobert (Manager) ©NordicMagazine
Au-delà du soutien logistique et sportif, l’esprit d’équipe est aussi ce qui caractérise le Haute-Savoie Nordic Team ?
C’est simple, c’est le pilier essentiel à notre réussite. Les membres tournent au fil des années, mais ça, ça reste. Depuis deux ans que je manage l’équipe, j’avais au départ l’envie de créer une équipe spécialisée dans les courses longues distances internationales, avec des circuits qui se développent, qui gagnent pas mal en médiatisation et qui attirent de plus en plus d’athlètes. Mais aujourd’hui, on fait bien plus que ça. Le Team a pour vocation d’accompagner les jeunes, de les former, pour qu’ensuite ils choisissent leur voie. Soit ils poursuivent dans la voie classique (donc équipe de France, coupe du monde et grands championnats), soit ils ont la possibilité de choisir la voie de la longue distance, avec des courses plus populaire – par exemple la Transjurassienne et la Foulée Blanche en France ou la Vasaloppet en Suède qui aligne jusqu’à 17000 concurrents sur la ligne de départ! Alors on n’en est pas encore là, on a besoin de plus de maturité, mais on s’aligne sur l’Engadin en Suisse qui regroupe 13000 à 14000 athlètes. Dans le Jura, le vainqueur de la Transujurassienne et au moins autant reconnu que celui qui gagne une coupe du Monde ! C’est une vraie reconnaissance populaire, qui dépasse largement le milieu.

Dans le ski de fond, à vingt ans, t’es Senior, à 30 ans, t’es Master - et encore, avant, t’étais vétéran ! Évidemment, ça n’a pas la même connotation que dans le civil, mais disons qu’en ski de fond tu atteints ta maturité sportive à 28-30 ans.

C’est quoi ton objectif, maintenant que t’es « de l’autre côté de la barrière » ? La médiatisation du ski de fond ?
Exactement. Avant tout, c’est de développer mon équipe, mon modèle, de permettre un jour, sur le modèle de ce qui se fait à l’étranger et maintenant en France, de faire vivre mes athlètes professionnellement, qu’ils puissent vivre directement de leur sport.

Le Haute-Savoie Nordic Team ©Nordic Magazine
Le Haute-Savoie Nordic Team ©Nordic Magazine
Les membres du Haute-Savoie Nordic Team
Les permanents : Mathias Wibault, Aurélie Dabudyk, Loïc Guigonnet, Antoine Agnellet, Mickaël Philipot, Elisa Brocard, Gérard Agnellet, Constance Vulliet, Marie Kromer, Bastien Buttin 
Les athlètes en équipe de France : Maurice Manificat, Jean-Marc Gaillard, Ivan Perrillat, Clément Parisse, Lucas Chavanat, Damien Tarantola, Victor Roguet, Léa Damiani

> Retrouvez toutes les infos sur le Haute-Savoie Nordic Team sur http://hsnteam.com/

 

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